Nous avons 5 jours pour traverser le pays. Nous entrons par Dashoguz, traversons le désert de Karakoum et passons par Darvaza avant de rejoindre Ashgabat.

Contrairement à ce qu’on craignait, le passage de frontière s’est très bien passé. Dès notre arrivée nous avons été pris en charge par un douanier, qui a rempli les papiers (uniquement disponibles en turkmène), à notre place! Ça commence par une prise de température, je précise, sur le front 😅! Ensuite en tant que touristes, nous avons systématiquement évité les queues aux postes administratifs et de contrôle. C’est pas cool pour les locaux mais j’avoue que ça nous a fait gagner beauuuucoup de temps. Et des touristes, je ne sais pas s’ils en voient tous les jours…. Notre douanier accompagnateur parlait russe et anglais, et il était curieux qu’on puisse faire un voyage aussi long… « Mais pour quoi faire?? Du tourisme! Et pourquoi seulement 5 jours au Turkménistan? Parce qu’on ne pouvait pas avoir de visa plus long! » On a donc rempli divers papiers, payé divers frais pour un total de 150 €, on a du repréciser notre parcours dans le pays, et donner un nom d’hôtel à Achgabat. On a expliqué qu’on n’était pas sûr des dates, à cause des routes et du fait qu’on roulait lentement. On a échappé au GPS! (Oui normalement ils donnent un GPS pour contrôler notre itinéraire). Ça c’est cool! Ça nous laisse un peu plus de marge sur notre itinéraire.

On passe vite fait à Dashoguz, capter un wifi pour dire aux familles que la frontière est passée, changer des dollars en manats, manger un bon petit kebab et thé a la menthe pour 2 €, et 15h en route pour Darvaza! Un peu plus de 330 km à faire dans le désert. Bonne surprise, la première partie de la route est en bon état, on se dit qu’on peut atteindre Darvaza le soir. Certes il fera nuit en arrivant mais ce serait dommage de devoir attendre toute la journée du lendemain pour voir le cratère dans la nuit! Allez go! Objectif cratère de l’enfer ce soir!

La route est vraiment désertique, des dunes commencent à apparaitre, l’horizon au loin est extra plat. La route est constituée de 2 bandes goudronnées, sans marquage au sol, et en raison des travaux alternativement des 2 cotés, les voitures roulent dans les 2 sens sur les 2 voies, sans organisation. Prudence donc. Mais elle n’est pas en aussi bon état sur le reste du parcours… De 90 km/h on passe à 60-40km/h… Au lieu d’arriver vers 18h30 on est arrivé vers 21h, et fait les derniers km dont 7 de piste, dans le noir. Nous ne sommes pas seuls, on aperçoit des phares de voitures. On a passé des bancs de sable sans trop d’encombre, en se disant que dans l’autre sens ça ne serait sans doute pas aussi facile. Il y avait des traces de pistes dans tous les sens, et la direction du cratère absolument pas indiquée, sauf par son rougeoiement dans la nuit. Il s’agissait de ne pas se tromper… Sans nos supers applis je pense qu’on n’aurait pas pu le faire. On a cherché et cherché un endroit pour se garer sans risquer de s’enliser, puis fini par se poser pas loin de yourtes, à env 200 m du cratère. Un type en moto vient nous demander si le camping-car est une « sleeping machine?! » et repart. Il est charmant ce nom! On enfile les chaussures de rando et les doudounes et on y va.

Alors le cratère est impressionnant. On entend d’abord son souffle, puis dès qu’on approche, on sent sa chaleur et son odeur! Dans cet énorme cratère de 70m de diamètre, le feu consume le gaz qui s’échappe entre les roches et les cailloux, et par moment on a des bouffées d’air chaud! Ça tombe bien parce qu’il fait froid dans le désert la nuit! Pour info, ce n’est pas un phénomène naturel, c’est un cratère provoqué par les soviétiques qui foraient pour évaluer la quantité de gaz. Lors de l’installation, le sol s’est écroulé. Ils ont voulu sécuriser les lieux en mettant le feu pour brûler tous les gaz, sauf qu’ils sont tombés sur une importante poche qui n’a toujours pas fini de se consumer. Comme ils réfléchissent à reprendre l’exploitation du site, il risque de fermer.

Lendemain matin, découverte du lieu où nous avons circulé hier soir. C’est … désert! :D.

On reprend la route assez tardivement et on repasse par les endroits délicats de la veille. Hé bien ça n’a pas raté! On a fini par se planter! Philippe sort les plaques et la pelle, on évacue le sable, repositionne les plaques, et on avance peu à peu. Il n’y a pas beaucoup à traverser mais on a vite chaud. Un type arrive avec sa pelle sur sa moto, et nous dit « Pas de problème, pour 5$ je vous fais passer! » On n’hésite pas longtemps… Philippe dit OK! Alors on est vraiment des bleus! Gérard nous avait prévenu, mais fallait qu’on soit pris pour être appris… Le gars, se penche et dégonfle les 4 pneus du camping car! Ensuite il demande a Philippe de faire marche arrière et d’avancer avec une bonne vitesse. C’est passé comme une lettre à la poste! Les boules! 5 dollars pour ça! Et on n’a même pas négocié! En plus après il a fallu regonfler ces put… de pneus… à 5 bars! A la sueur de notre front! 🥵. Et moi qui voulait bien faire j’ai tenu à aider Philippe pour regonfler, je me suis fait suuuuper mal au ventre! Je ne faisais pas le poids… 🙁

Bon! On s’y prendra à plusieurs reprises pour atteindre la pression suffisante, mais ça a été. Nous allons visiter d’autres cratères, dont un rempli d’eau, puis reprenons la route.

Il reste 270 km mais il est tard, nous passerons une autre nuit dans le désert, près d’une gare ferroviaire, avant de rejoindre Achgabat.

Cette nuit j’ai très très mal au ventre, je ne peux plus détendre les jambes, j’ai l’habitude d’avoir des courbatures mais je n’ai jamais eu mal comme ça! J’ai peur d’avoir déconné, je psychote jusqu’à ce que je prenne un anti douleur, et que je réussisse à dormir quelques heures.


Catégories : Turkménistan

9 commentaires

Cécile M · 7 novembre 2019 à 21:42

On attend de tes nouvelles alors, en espérant que ça disparaisse ou que vous trouviez de quoi te soigner sur le trajet. En tout cas ça y est, ensablés, vous êtes de vrais aventuriers du désert. et c’est sûrement pas fini…

    Estelle Rhoo · 9 novembre 2019 à 05:27

    Ça va mieux depuis 🙂 merci ! Et maintenant on est prêt pour la suite.

      Cecile M · 9 novembre 2019 à 13:44

      Tant mieux, bonne visite de l’Iran, j’attends le nouveau chapitre de votre aventure qui me fait bien voyager 🙂

Debreucq Michel · 8 novembre 2019 à 09:40

L’ensablement était obligatoire pour obtenir ton brevet d’aventurière du désert !!! Voilà c’est fait. Je constate que l’on roule mieux quand on ne voit pas les pièges de la route (pas de pb la nuit).On hésite moins ??
J’espère que tu t’es bien remise et que tes courbatures sont maintenant oubliées. Les efforts violents après 6 mois assise sur le siège d’un CC sont à proscrire.

    Estelle Rhoo · 9 novembre 2019 à 05:33

    C’est pas une question de nuit ou de jour, la route descendait sur le chemin de l’aller, on a senti que c’était pas net mais c’est passé. Donc dans l’autre sens ça montait…. et là ça n’est pas passé.
    Sinon je sens une petite pointe de moquerie quant à mon activité physique 🤨? Je crois surtout que ce qui est à proscrire, c’est une vie passée derrière un bureau 😜

Mel · 8 novembre 2019 à 21:24

Notre ptit gars dit : « reviens dans le passé et tu te feras pas arnaquer… » notre grande dit : « et mais il fallait qu’il regonfle lui même ; 2 dollars pour dégonfler, 3 dollars pour regonfler ». Et moi j dis « whaou qu’elles sont belles les photos!!! ».

    Estelle Rhoo · 9 novembre 2019 à 05:36

    Ils sont mignons !!! C’est pas vraiment une arnaque, c’est juste profiter de notre niveau débutant en désert 😀. Leçon un peu chère, mais c’est vraiment pas grave 😉.

Alain C. · 13 novembre 2019 à 12:48

Ca doit être sympa ce cratère. Le mal de bide et l’enlisement beaucoup moins. Courage !

Lycie partie 1 : des envies de nager! - Sur le tapis du vent · 28 janvier 2020 à 09:18

[…] et elle se consume depuis des millénaires. C’est fou! Et ça nous rappelle quelque chose (Darvaza). Il est déjà bien tard pour aller les voir, la nuit commence à tomber. Je râle en disant à […]

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