Nous quittons la « Love beach » de Sevgi et avançons en direction de l’incontournable Éphèse, Pergame, puis les visites de la presqu’île de Cesme et l’île de Cunda. Elles seront nos dernières étapes avant Istanbul. Philippe voulait faire une pause à Bursa pour aller skier mais les -16° là-haut nous en ont dissuadé.

En quittant la plage nous longeons un peu la cote et traversons Kusadasi dans une circulation dense. Mais la ville a l’air agréable, un mélange citadin et balnéaire, de la vie, et dailleurs des bouchons… On aperçoit rapidement la colline aux maisons colorées. Ma photo n’est pas terrible, mais on ne pouvait et ne voulait pas s’arrêter. Ce sera pour une prochaine fois… :D. Nous continuons d’avancer pour visiter Ephese le lendemain matin.

Alors Éphèse, comme nous nous sommes disputés ce matin, on tire la gueule chacun de notre coté et ce n’est pas la meilleure façon d’en profiter. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé. Passons.

Éphèse

Éphèse fondée vers -1000 Av JC, a pu se développer à l’époque hellénistique grâce à une agriculture abondante et à son port protégé. Elle a connu son apogée entre le 2ième siècle av JC et le 1er ap JC, pendant la période romaine. C’était l’une des plus importantes cités de l’Asie mineure. L’ensablement du port, tremblements de terre, attaques et épidémies, ont provoqué la désertion de la ville vers le 7ième siècle. Le temple d’Artémis, une des 7 merveilles de l’antiquité, près du port, faisait la renommée de la ville. Il n’en reste absolument plus rien. Éphèse était également connue pour son rôle dans l’expansion du christianisme.

Nous arrivons tôt pour éviter le monde et les photos insta dans la bibliothèque. Et nous avons bien fait, il n’y a personne. Nous passons rapidement devant le théâtre et l’agora, franchissons la porte de Mazeus et Mithridate (sous laquelle était inscrit : « défense d’uriner », Oui on sait lire le grec 😉 ). Et tombons sur la bibliothèque de Celsus. En effet sa façade est très bien conservée. 4 statues sont dans leur niche, et représentent la pensée, la connaissance, la bravoure et la sagesse. Le travail délicat de décoration de la façade est impressionnant. La bibliothèque ne contenait pas des livres, mais des rouleaux, et oui! C’était la 3ième plus grande bibliothèque de l’antiquité après celles d’Alexandrie et de Pergame.

Nous continuons, et prenons l’allée principale de la ville, pavée d’énormes pierres, lissées par le temps. D’un coté de l’allée, des habitations bourgeoises avec terrasses, de l’autre, les bains, des latrines bien conservées, le temple d’Hadrien. Puis nous passons la porte d’Hercule, et découvrons un odéon, des fontaines, des temples pour divers personnages. Encore une fois, l’eau circule dans toute la ville, au moyen de canalisations souterraines. Nous continuons jusqu’au bout du site (2km) et revenons sur nos pas, dans les mêmes endroits, parmi les chats, et un peu plus de touristes. On aperçoit un tombeau octogonal, ce serait celui de la sœur de Cléopâtre. Celle-ci l’aurait faite assassiner car elle était opposante à l’alliance entre les empires romains et égyptiens. C’est la première fois que nous voyons des traces à la fois égyptiennes et romaines sur un site. On déambule dans l’agora, pleine de de pierres, rangées ou pas, et de petites fleurs. Nous allons voir le grand théâtre pouvant accueillir 24 000 personnes, l’allée qui mène au port, et finissons par l’église de la vierge Marie. Au 1er siecle, Saint Paul venait y prêcher le christianisme et déclenchait des émeutes des habitants qui préféraient d’autres cultes.

On finit notre balade devant toute une parcelle couverte de ronces et d’arbres. On y voit un panneau et comprenons que des fouilles ont été faites, mais n’étant pas protégé le site a complètement disparu sous la végétation. On comprend mieux pourquoi les fouilles n’avancent pas aussi vite qu’on aimerait; elles doivent être entretenues et protégées.

Voilà pour Éphèse, nous reprenons la route pour Balikliova, sur la presqu’ile de Cesme. On traverse des champs d’oliviers aux pieds bizarres, je pense que plusieurs arbres sont plantés dans le même trou, ou très proches, et avec le temps les troncs fusionnent (ce qui les fait ressembler à des ficus étrangleurs). Les troncs sont donc tortueux, avec des trous, et très larges. Ils semblent aussi pratiquer des greffes, de jeunes pousses sur des vieux troncs… Peut être pour ne pas gâcher le réseau racinaire des vieux arbres ?… On n’est pas spécialiste hein.

A Balikliova, nous campons 2 nuits au bord de la mer. Ce petit village tranquille nous plait bien, il y a des pêcheurs (bon c’est vrai il y en a partout en Turquie), des petites boutiques, le village est animé de ses habitants qui discutent en son centre, et c’est quand même bien paisible. Nous ferons une balade à vélo sous un beau soleil, pour découvrir la côte presque sauvage. Malheureusement, sur le bord des routes, c’est jonché de déchets… C’est déprimant, plus rien n’est épargné. :-(. Le mauvais temps arrive, un vent fort est prévu en soirée et dans les jours à venir, nous restons ici, un peu à l’abri, avant de continuer vers Pergame.

La route vers Pergame est très venteuse, et pluvieuse. J’ai même une petite frayeur, en pause dej, face au vent, avec des rafales de folie! Mais ça passe… Nous campons sur le parking de Pergame. Le gardien vient et demande 30 TL. Rhoooo quand même ils exagèrent c’est cher, il n’y a même pas de toilettes et le parking est désert. Philippe donne 20 et fait semblant de ne pas comprendre… Nous passons la nuit avec les aboiements des chiens. En Turquie ils sont omniprésents, ils dorment le jour et aboient la nuit. Il faut s’y faire.

Pergame

Le lendemain matin, sous un temps maussade, nous allons visiter l’asclépeion et la basilique rouge de Pergame. Il y a d’autres sites à visiter mais on ne connaissait pas d’asclépéion. C’est un « sanctuaire de guérison », un peu l’ancêtre de l’hôpital. Mais attention, trop malade, on ne pouvait plus y entrer!

En gros, le patient suivait un parcours en commençant par les bains, ensuite il se reposait dans des chambres spéciales de repos. Ensuite il racontait ses rêves, et les docteurs (les asclépiades) interprétaient les rêves et donnaient un traitement approprié. Ça pouvait être écouter le bruit de l’eau, prendre des bains chauds et/ou froids, des herbes médicinales, des régimes alimentaires, des massages, des saignées, des purges des intestins, des bains de soleil. On pouvait donc avoir plus ou moins de chance dans les traitements à suivre… On a pensé à Mag :D.

Il y avait aussi une bibliothèque mais sans intérêt particulier, et un théâtre où j’imagine les premières conférences de médecine avaient lieu. Il y avait aussi un bâtiment rond, en forme de fleur, où étaient pratiqués les traitements, sous des voutes en partie détruites, à travers lesquelles ruisselle l’eau de pluie du plafond, et l’eau de source dans les canaux au sol.Le centre du bâtiment restera un mystère…

Nous finissons la visite sous la pluie, et reprenons la route pour la basilique rouge.

C’est un très haut bâtiment, le plus grand de la ville antique de Pergame. Il n’en reste pas grand chose. Rouge, parce qu’il est construit en briques. Initialement elles n’étaient pas visibles puisque couvertes de marbre blanc. C’était un lieu de culte égyptien, mais dont on ne connait pas bien la fonction. Ce qui est remarquable, c’est une statue reconstituée à l’identique. Elle servait de pilier comme 5 autres, pour soutenir une structure aujourd’hui disparue. La statue de marbre blanc et noir représente une déesse à tête de lionne. Encore une fois, une trace de l’Égypte dans un lieu romain, nous rappelle que les 2 empires cohabitaient.

Nous prenons un repas bien chaud dans un kebab à coté, et retournons en bord de mer. A Ayvalik.

Philippe a repéré un endroit sur l’ile de Cunda où on pourrait randonner. On roule sous la pluie, sur des pistes boueuses, ou en tôle ondulée, ça faisait longtemps … Sur la route on voit des flamants roses!!!! Trop chouette! C’est quand même étrange ces boules de plumes roses, hautes perchées et ces têtes allongées de leur grand bec noir. Je suis épatée d’en voir en liberté. Ils ne sont pas très farouches en plus. On fini par faire demi-tour pour camper au petit port, où le soleil revient. On se promène, on boit un coup et mangeons des marrons chauds en terrasse. Puis un bon petit restau le soir.

Le lendemain, nous allons randonner, Philippe a trouvé un sentier qui passe entre 2 îles. Mais ça le fait moyen; pour commencer, le paysage est assez plat, l’herbe sèche et maronnasse, le sentier est très boueux et nous amène à marcher le long de la plage, saturée de déchets en plastique. On a l’impression que des gens vivent ou squattent ici. Comme d’habitude nous croisons des pêcheurs… Cette fois ça me dégoûte, ils doivent attraper autant de plastique que de poissons. Au bout du chemin, c’est un peu plus joli mais l’autre île est inatteignable, le pont ne traverse pas la mer. C’est peut être faisable à marée basse, ou l’été, mais bref. Demi tour. Un nouveau passage devant les flamants roses, une deuxième nuit tranquille au petit port et nous prenons la route vers Istanbul.

Nous roulons toute la journée au milieu de champs enneigés, et passons une nuit à Mudanya. Depuis quelques jours les températures ne dépassent plus 10°. Cette nuit à Mudanya il a même neigé.

Même si nous reprenons le travail le 8 avril, clairement ça sent vraiment la fin du voyage. Je sais qu’il reste 2 mois, mais on n’a déjà plus la sensation d’avoir tout le temps devant nous. On continue de vivre à notre rythme mais le temps passe très vite. Je me suis abonnée aux annonces immobilières pour avoir une idée des loyers. C’est perturbant d’essayer de se projeter dans une maison ou un appartement alors qu’on est en voyage. Sauf si j’arrivais à trouver une jolie petite maison avec un terrain de ouf, j’avoue je n’ai pas envie que ça s’arrête.

Gageons que les flamants roses confirment le symbole qu’ils représentent et soient annonciateurs d’une bonne nouvelle : une renaissance 😀 !


Catégories : Turquie

10 commentaires

gerard et Babeth Petrignet · 15 février 2020 à 08:52

Bonjour à tous les deux

On pense à vous. Gardez le moral haut et fort, pour le RETOUR c’est important. Dans 15 jours nous partons aux US pour tout le mois de Mars. Dans l’attente de vos prochaines nouvelles. Istanbul est une très belle ville, profitez bien.

Gérard et Babeth

    Estelle Rhoo · 15 février 2020 à 21:00

    Hello! Merci à vous deux, c’est sans doute un petit coup de blues passager. Comment allez vous? Avez vous pu aller voir vos amis touaregs? On se verra peut être à votre retour des États Unis ?!

michel DEBREUCQ · 15 février 2020 à 10:38

Haut les cœurs !!! Ne prenez pas ce retour comme une fin. Le voyage continue… Mais c’est d’autres aventures qui vont se présenter, ensoleillées par les merveilleux souvenirs que vous rapportez.
Surtout pas de déprime ! La vie est une perpétuelle découverte.
On est avec vous.

    Estelle Rhoo · 15 février 2020 à 21:04

    Ho merci ca fait du bien ! Oui, positiver, prendre le meilleur! L’aventure continue 😀. On se voit très bientôt ! Gros bisous ❤️😘

Cécile M · 15 février 2020 à 13:19

Bonjour, c’est toujours sympa de nouveaux articles. Les sites antiques sont magnifiques mais les photos sont moins dépaysantes que l’Iran. C’est peut-être pour cela aussi que vous sentez le retour, les villes sont semblables à ce qu’on peut trouver dans le sud de la France, vous êtes moins immergés dans la nature, et puis c’est l’hiver, la grisaille… bon courage et j’espère quand même que l’idée de revoir vos proches vous motive un peu, et ce sera le printemps en France 🙂

    Estelle Rhoo · 15 février 2020 à 21:14

    Merci Cécile, oui c’est vrai, la Turquie est une transition douce vers l’Europe, et quand le soleil n’est pas de la partie ca nous ramène un peu plus vite. Mais on est loin d’être à plaindre. Et bien sur nous sommes contents de revoir la famille et les copains ! Il faut prendre la recherche de logement, et le ré-emménagement comme une nouvelle aventure ! 🤪
    A bientôt !

Patrick · 15 février 2020 à 21:18

C’est de mieux en mieux vos photos. Faut pas rentrer, continuez sur la lancée!

Finalement vous passez plus par la Croatie?

biz

    Estelle Rhoo · 15 février 2020 à 21:22

    Hey ! On n’aura pas le temps pour la Croatie. On pense prendre un bateau après la Grèce direction Venise. Faudra repartir pour continuer le voyage, encore plus lentement ! ❤️ 🐌🐢🙏❤️

Patrick · 15 février 2020 à 21:59

Ah ben tant pis alors. J’ai une semaine de vacances à poser la Croatie ça m’aurait bien dit 🙂

Les Choupounoux · 18 février 2020 à 22:27

Encore plusieurs semaines avant le retour 😉 et après vous pourrez planifier tranquillement votre nouveau voyage avec le camping car idéal de Philippe. Bises des Choupounoux

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