Nous contournerons Bandar Abbas, pour embarquer pour l’île de Qeshm, dans le golfe persique. Un tour de l’île, et remontée via la côte avant de rejoindre Persépolis.

On a fait plusieurs stations essence, en arrivant péniblement à tirer entre 20 et 50 l par station. A chaque fois il faut attendre la bonne volonté d’un routier pour nous prêter sa carte. Heureusement « les routiers sont sympas! » :D. La dernière station après Bandar Abbas, nous tombons sur un pompiste qui ne voudra pas nous faire payer (malgré l’insistance de Philippe). « Welcome in Iran! » C’est magnifique! :D. On passe une nuit tranquille dans un village, loin de la route, puis le lendemain matin, nous embarquons pour Qeshm.

Un certain temps fut nécessaire pour la paperasse, et nous embarquons avec les voitures. On aperçoit les femmes locales, les bandaris en tenue traditionnelle : elles ont le visage masqué par le burqua. La traversée dure à peine 20 min. Une iranienne nous propose des dates à la pâte de sésame, et nous demande d’où nous venons. Des dauphins nagent à notre arrivée dans le port. A la sortie du bateau, on touche légèèèèrement, et on roule jusque Qeshm, la ville principale (et commerciale) de l’île pour faire des courses, et prendre le bateau avec nos vélos pour Ormuz le lendemain. On se fait un petit restau en bord de plage, cocktail sans alcool à base de jus de grenade, la mer est bleu turquoise, on observe les iraniens en week-end au bord de l’eau. Pique-nique, balade, plongée et bouée tractée. La vie s’écoule tranquille. Il fait bon, on est bien!

Mais le lendemain toujours pas d’internet! Ça commence à faire long et on n’a pas trop d’info sur ce qui se passe. On continue d’échanger avec les familles qui s’inquiètent pour nous. On explique que pour l’instant nous restons dans le pays : Qeshm est « loin des tensions internes du pays », pas d’émeute ici. Mais je ne suis pas tranquille : il y a quand même un décalage entre notre position de touriste, et la situation des iraniens, ça va devenir malsain. Et l’inquiétude des familles me tracasse. C’est pas cool pour eux non plus. On modifie nos prévisions, on ne passera pas par Téhéran, et on évitera les grandes villes. On verra comment ça évolue.

C’est dommage. Le pays est tellement magnifique, et les gens qu’on croise sont tellement accueillants. On aimerai tellement rester plus longtemps…

On a dormi sur un méga parking, beaucoup de vent, beaucoup de bruit…. Notre première journée sur l’île commence mal, on ne prend pas le bateau pour Ormuz à cause du vent : en vélo « ça ne va pas le faire », et il y a un risque que le retour soit annulé à cause de la météo. Bon ! On va faire des courses! On se balade dans la ville « morte » car c’est le week-end. Les boutiques ne sont pas encore ouvertes, les galeries commerciales sont vides… Ça continue… On réussi quand même à trouver du café moulu à prix d’or…

On décide de bouger pour explorer l’île. On commence par la vallée des étoiles : fermée! Comme il a plu ces derniers jours, le site est temporairement dangereux… Je me sens moroooose! J’ai besoin de parler mais Philippe pas spécialement… Pour tenter de me rassurer il fait l’analogie entre les émeutes internes au pays et nos manifs des gilets jaunes. Certes. Mais ça ne me rend pas le moral. Notre temps dans le pays est limité, et nos kilomètres aussi à cause du diesel… On ne pourra pas prendre le temps et retourner tenter Ormuz, ni la vallée des étoiles… Allez on continue.

Mer turquoise, on s’arrête sur la plage de Naz Island pour aller tremper les pieds, marcher entre les îles tant que la marée est basse. L’eau est bonne. Le soleil réconciliateur. C’est génial, il y a des chameaux, des chevaux, un âne, des voitures, il y a même un marché sur la plage ! Assez dépaysant. Les familles se promènent, séances photo avec ou sans voile.. Et pour compléter le tableau, un pique-nique!

On passe devant un petit port, assez désert. un bateau est en cours de réfection.

Nous continuons quelques km de piste pour trouver un endroit plus sauvage. On n’est pas les seuls à avoir cette idée, quelques très rares baigneurs en profitent également. Ils ne respectent pas la non mixité des plages, ni la tenue vestimentaire exigée pour mesdames. Un petit vent de liberté souffle dans le coin. Coucher de soleil, et nuit paisible; avec tentative de photographier le ciel étoilé. Ça marche presque…

Et nous continuons l’exploration de l’île. Cette fois nous visitons une vallée qui doit ressembler à la vallée des étoiles, châteaux de sable et de terre, elle même constituée de coquillages. différents niveaux de plateaux tracent l’histoire géologique de l’île, et l’érosion de l’eau finit de façonner l’endroit. Nous sommes encore une fois seuls, nos pieds s’enfoncent dans la terre ramollie par les récentes pluies, la végétation arrive à pousser. J’adore ces arbres à la forme triangulaire, c’est peut-être une sorte d’acacias? Le soleil est écrasant, il fait chaud, mais c’est beau!

On continue pour aller visiter un canyon, provoqué à la fois par un tremblement de terre, et par l’érosion. Arrivés sur le site il y a déjà plus de touristes. Un jeune local accoste Philippe et lui propose de nous accompagner pour lui permettre de pratiquer son anglais. Je me suis dit que c’était bizarre comme approche pour un guide touristique, mais notre balade prouvera que c’était vraiment son objectif. J’avoue avoir été très agacée d’être totalement ignorée dès que j’ouvrais la bouche… Et très guidée et accompagnée pour faire « des jolies photos ». Résultat des courses, mes photos ne me plaisent pas. J’ai pas eu le temps de faire comme je voulais. Mais le site est chouette à visiter. J’étais plutôt fière de reconnaître les mêmes phénomènes géologiques qu’en Norvège : les puits formés par l’eau et les cailloux piégés dans les aspérités. Nous avons croisé une équipe qui faisait des photos pour une robe de mariée plutôt gothique. Des touristes iraniens ont tenus à nous prendre en photo, avec Philippe, c’était assez comique!

Puis pause déj dans un village de pêcheur.

Enfin nous nous dirigeons vers le dôme de sel, Une curiosité géologique, encore, extraordinaire. Je n’avais jamais vu ça avant! C’est un énorme dôme repérable sur google maps, et constitué pratiquement uniquement de sel. Comment s’est il formé? Dans ses abords on peut visiter des grottes… Le dôme est de couleur rouge et blanche. Evidemment ce n’est pas de la neige, c’est du sel! Il transpire de sel! A l’approche de la grotte, nos pieds foulent une poudre, puis du gravier de sel, les couleurs sont très belles. Un guide nous propose des lampes pour avancer dans la grotte mais on est équipés. Il nous accompagne quand même, nous montre un nid d’oiseau dans la paroi puis nous guide à l’intérieur de la grotte. Tout est en sel, les parois sont extrêmement friables, il suffit de gratter un peu pour qu’elles s’effritent. Le guide nous montre un énorme bloc à terre et nous explique que ce bloc s’est effondré il n’y a pas longtemps. Mais c’est carrément pas sécurisé ici!!! C’est dangereux quand même, et ils laissent les gens entrer et sortir à leur guise… On avance, et observons différents phénomènes. Le guide nous montre également « les belles photos à faire », et au bout d’un moment, il nous explique qu’il faut ramper pendant 2 mètres pour continuer à visiter. Moi je ne suis déjà pas très à l’aise, la chaleur est pesante, je ne suis pas spécialement rassurée. On a déjà vu plein de belles choses, je n’ai pas envie de continuer. Sur le retour le guide nous grattera un petit morceau de paroi pour nous l’offrir, et utiliser pour la cuisine. Wouah!! Spécial quand même :D. Il nous montre aussi un minerai très présent sur les lieux : c’est brillant, argenté en forme de plaques et très friable. C’est beau!

Remerciements et paiement du guide, et retour au camping car. Surprise!!! Un camping car est garé à coté de nous! Ce sont des français!!! Odette et Dominique. Ils sont du nord en plus!!! Ils viennent de Chiraz, et prendront le bateau pour Oman dans quelques jours. Qu’est ce que ça me fait du bien de croiser d’autres touristes occidentaux!!!! On boit l’apéro ensemble, on passe un très bon moment. Ils partagent leur expérience du pays, et confirment qu’effectivement tout est assez compliqué ici. Ils ne sont pas autant emballés que nous par le pays. Ils ont été un peu plus perturbés par les manifestations puisque l’accès au centre des grandes villes était barré. Mais leur sentiment par rapport aux manifs est équivalent à celui de Philippe. Ils ont apparemment plus d’expérience que nous en la matière. Ça me rassure. On dort sur place, et nous nous quittons le lendemain matin.

Nous allons un peu plus loin dans un endroit un peu isolé. Baignade dans le golfe persique : Check! 😀 !

Direction la mangrove! Elle est entre l’île et le continent. On peut y voir pas mal d’espèce d’oiseaux même si ce n’est pas vraiment la saison. On verra bien! On arrive à un point d’embarquement, la marée est basse mais on se laisse faire pour faire un tour quand même. Ce sera rapide et sans grand intérêt, mais prendre l’air fait du bien. Puis nous passons la nuit dans les environs.

Le lendemain on se demandera longuement si on retourne dans la vallée des étoiles et si on tente l’île d’Ormuz, mais on a déjà passé pas mal de temps sur l’île, et il nous reste beaucoup à visiter en Iran. Ben ce sera pour une prochaine fois! 😀 !

On embarque pour le continent, cette fois sur le bateau pour camions, avec un parking au millimètre près. Puis on prend la route qui longe la cote. On retourne chez notre super pompiste, avec dans l’idée cette fois de faire le plein et de payer pour les deux fois. Peine perdue, on fait le plein, mais malgré notre très très lourde insistance, il ne voudra pas nous faire payer. Insister davantage aurait été malvenu. C’est incroyable!

Nous allons dans un endroit qui n’est pas décrit dans nos guides, mais repéré par notre application Ioverlander. : C’est à Asaluyeh, au bord de la plage, avec vue sur toutes les torchères iraniennes qui bordent la cote. On sait que les militaires contrôlent les véhicules bizarres qui campent dans le coin, et ça se comprend mais la vue vaut le coup. Après, il faut espérer que l’Arabie saoudite ne réplique pas aux attaques de drones qu’elle vient de subir… On serait aux premières loges… En arrivant sur la plage, de nuit, qu’est ce qu’on voit??? Je vous le donne en mille : des iraniens qui piquent niquent. 😀

En moins d’une heure, ça ne rate pas, une voiture s’approche et klaxonne, ce sont les militaires qui viennent nous contrôler. Philippe fait la causette, ils en profitent pour nous recommander la région de Koramabad. Idéale pour les randonnées en pleine nature. Ils expliquent que nous pourrons faire les recherches sur internet « dans quelques jours ». Ha !!! La bonne nouvelle! :D. On passe une nuit vraiment peinard, avec une vue très particulière.

Puis toujours en route vers Persépolis, nous faisons une pause à la montagne de sel. Un phénomène sans doute identique à celui du dôme de sel. Incroyable. Irréel. Cette fois c’est vraiment une montagne. On y voit même une mer de sel, comme une mer de glace, dévaler la montagne, et l’éroder. Il y a même le petit bruit de l’eau qui s’écoule sous le sel. On erre un bon moment au milieu de ce monde tout droit sorti de science fiction, c’est très très particulier. Des langues de terre, sur lesquelles la végétation arrive à pousser et les oiseaux à nicher, alternent avec des langues de sel, où la vie semble impossible. On voit au loin des cavités difficiles à atteindre pour qu »on puisse les explorer. Bien sur nous sommes encore seuls sur les lieux. On est sur une autre planète.

On s’attarderait bien plus longtemps mais sans guide c’est un peu compliqué, on ne connait pas le terrain, et on n’a pas de trace sur nos applis de randonnée…

Maintenant en route pour Persépolis. On attaque l’histoire du pays, le berceau de notre civilisation. Changement de ton!


Catégories : Iran

9 commentaires

Cécile M · 9 décembre 2019 à 12:31

Alors non seulement les paysages sont magnifiques mais en plus on peut observer des oiseaux, ça me fait vraiment rêver très fort tes photos, merci et je suis contente de voir des articles arriver car la situation iranienne a l’air compliquée vue d’ici

    Estelle Rhoo · 10 décembre 2019 à 19:22

    Ha merci 😄, c’est vraiment un chouette pays. On a l’impression de le traverser trop vite !
    Et la situation est effectivement compliquée pour les iraniens. Ils ne méritent pas ce qui leur arrive 😕.

matthieu constancis · 9 décembre 2019 à 14:16

Et en plus on ne paye pas l’essence … The reve

    Estelle Rhoo · 10 décembre 2019 à 19:25

    En plus pour ce qu’elle coûte, si tu savais !

Patrick · 9 décembre 2019 à 19:45

Trop bien les tas de sel, ca fait de chouettes photos. Prévenez moi quand vous trouvez le lac de rhum!

    Estelle Rhoo · 10 décembre 2019 à 19:23

    De quoi ?!!!

dominique · 10 décembre 2019 à 20:05

C’est un voyage tres bien préparė, il fait rever .Faut quand meme en avoir pour aller en Iran en ce moment ,par contre ça donne vraiment envie de rencontrer la population ,on est loin des clichės à la con ,en plus c’est bien ecrit avec de belles photos😉

    Estelle Rhoo · 12 décembre 2019 à 20:02

    Hoooo merci Dominique ! 😃 Ça fait plaisir!

    Je ne peux que recommander de venir découvrir ce pays : les très accueillants iraniens, une grande richesse culturelle et des beaux paysages.
    Point de vue préparation c’est pas insurmontable, en plus on donne les billes pour venir 😉.
    Une période plus sereine aurait été mieux, c’est sur.
    Et tant mieux si on arrive à casser les clichés

Alain C. · 17 décembre 2019 à 15:09

Les photos sont superbes !

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