Allez c’est parti pour la Turquie! L’hiver n’est pas la saison idéale pour profiter du pays, mais il fallait bien qu’on le passe quelquepart, et on en profitera pour skier! On passe la frontière et allons à Dogubayazit, puis Erzorum et Diyarbakir.

D’abord le passage de frontière

C’était épique! Déjà pour sortir d’Iran, il faut passer par plusieurs bureaux et absolument rien n’est indiqué. Des iraniens errent devant la frontière et chopent le novice pour lui proposer leurs services… Philippe comme d’habitude s’était bien renseigné, et savait par quel bureau passer en premier. Merci les gens qui partagent leurs infos :D.

En résumé, on a fait des allers retours entre des gens qui ne disent pas ce qu’ils attendent jusqu’à finalement être pris en charge par un iranien moyennant finance. Je crois que c’est un bordel organisé où tout le monde y trouve son compte, sauf nous .

Détail pour les courageux : Dans ce premier bureau on paye une taxe proportionnelle à la taille du réservoir du véhicule. Pas la peine d’essayer de négocier, on a eu beau dire qu’il était à moitié plein, on a payé plein pot. Le type nous dit d’aller voir Mr Souleyman, on change de bâtiment et on demande au pif, les gens nous dirigent vers lui. Il est au contrôle de bagages!?! Il signe le papier, et nous sortons du bâtiment. On se fait rattraper par qqun qui nous envoie dans un autre bureau. Là on nous dit d’aller voir qqun d’autre, qu’on trouve aussi au milieu des contrôles de bagages. On retourne voir le type dans le bureau, qui signe le papier. Et cette fois nous retournons au premier bureau qui nous dirige dans le bureau d’à coté, qui nous dit qu’il manque « quelquechose ». Et là, un iranien « nous prend en charge ». Il prend le carnet de passage en douane des mains de Philippe et nous dit d’attendre. Il revient 15 min plus tard. On ne sait pas ce qu’il a fait. On retourne au bureau et cette fois c’est OK. Évidemment l’iranien a « réclamé sa commission ». On a donné notre reste de monnaie iranienne, env 5 $, il en réclamait le double. Dernier contrôle iranien, ils demandent à visiter le camion, j’étais déjà pas mal agacée. Le contrôleur avait la clope au bec, j’ai crié : No smoking! No smoking! ». il a jeté sa clope et n’est pas allé plus loin que la première marche. Et on a attaqué la frontière turc.

Voilà maintenant, coté Turc, le plus cocasse! Nous sommes arrêtés devant la barrière turque, le bonhomme dans la guérite vérifie nos papiers et nous dit que nous allons passer le camping car au rayon X. On poireaute, j’en profite pour enfin me libérer du voile avec bonheur! Des gars arrivent, montent et nous guident aux rayons X pour camions. On aperçoit une interminable file de camions qui attendent leur tour… Ça doit prendre une éternité!

Nous passons devant tout le monde. L’opération dure quand même un peu. Et on ne sait pas à quoi elle sert parce que finalement ils demandent à visiter le camping car. Ils ouvrent les placards… Avec « you are lucky » en commentaire. Passons. Ils nous rendent nos papiers. Il faut maintenant retrouver le chemin pour sortir de la douane. On se perd dans une file de camions, je me dis qu’on va y passer la journée, et un type nous fait signe de passer par un autre chemin. Ha Ouf! On arrive au dernier barrage, et là on nous dit qu’il faut faire demi tour, ha, ok mais pour aller où, pour faire quoi?!! On finit par comprendre qu’on doit retourner à la guérite du départ. Et on se retrouve à rouler dans un corridor, à contre sens, on croise même quelqu’un qui nous demande « c’est par où l’Iran? » ! Nan mais allo quoi?!

A la guérite nous n’obtenons pas de document supplémentaire mais l’autorisation de reprendre le corridor dans l’autre sens! Et un passage par un autre bureau, où là! Saint Graal! Un petit papier déchiré avec un numéro nous est confié. Nous pouvons donc passer le dernier barrage en donnant le petit papier. Yes!!!

Maintenant à nous la Turquie!

Alors c’est marrant, en passant la frontière, on a définitivement changé de saison. C’est vraiment l’hiver. Le ciel est bas, faut dire qu’on est à 1500 m, il fait froid, le temps est gris. Il y a de la bouillasse sur le bord des routes. On passe notre premier contrôle de police pas loin de la frontière. Il veulent entrer pour voir ce qu’il y a dans le camion. Ils ne parlent pas anglais, mais quand un des policiers ouvre la porte arrière pour entrer, Philippe et moi on s’est écrié en coeur : « Your shooooes!!! « Du coup il n’a pas osé continuer. En fait, ils cherchaient des cigarettes de contrebande…

On allume la radio, comme on le fait dans tous les pays, et il y a beaucoup de musique! Cool! Un peu traditionnelle mais quand même moderne. Trop bien! Nous allons visiter le palais d’Ishak Pasa à Dogubeyazit. Suuuperbe palais, immense, majestueux, de couleur orangée, il est dans la montagne et domine la plaine, sur laquelle on a une superbe vue. On voit aussi le mont Ararat ! Là où aurait échoué Noé. Un peu dans les nuages, certes mais quand même ! La classe! Des parties du palais sont encore à ciel ouvert, et un peu sous la neige. Il caille ! Le palais avait un système de chauffage central, dommage qu’ils ne l’aient pas conservé! Il y avait un immense harem, les sculptures sont magnifiques. Ca me fait penser aux mosquées de Damas. Est ce que c’étaient les mêmes influences? Apparemment oui, c’est l’architecture ablaq : un mélange de pierres noires et blanches (de duretés/élasticités différentes) pour permettre des grandes constructions résistantes au tremblements de terre. L’origine de ces constructions vient des monts Zagros (Iran)… et elle a été adoptée par les byzantins, on en trouve en orient, et en Asie mineure. On continue de boucler. 😀

On redescend en ville pour déjeuner. Et miracle : le serveur s’adresse à moi! Ça faisait presque 2 mois que ça ne m’était pas arrivé. En Iran j’avais fini par abandonner. Quel plaisir de retrouver une position normale! 2ieme miracle, la nourriture!!! Du pain comme chez nous! Des légumes, du riz (moins bon qu’en Iran), de la viande en sauce, un régal! On s’est jeté sur les plats et on a tout dévoré super vite. Ils étaient aux petits soins avec nous, servis rapidement, thé à volonté, petite pâtisserie offerte en dessert. Top! Welcome in Turkey!!

Pour moi sacrée journée! Plus de voile, on s’adresse à moi et je fais un super déjeuner. Je me sens bien!

On sort de la ville pour passer une nuit tranquille et on prend la direction d’Erzorum, ville avec une station de ski. On roule en montagne et sous la neige. La ville aussi est sous la neige, et le temps est maussade. Nous attendrons le lendemain pour aller skier. En attendant on fait changer les pneus du camping car. Philippe fait des courses, et on écrit un peu pour le blog. On observe un peu la ville, on sent qu’on se rapproche de l’occident, mais qu’on est encore en Asie. Les boutiques sont carrément plus achalandées, les fringues et les marques modernes. Les filles plus décontractes, bien que beaucoup portent encore le voile. Elles le portent beaucoup à la mode turkmène, il cache uniquement les cheveux, pas la nuque, et il est coloré.

Le lendemain, nous allons skier! On sent que les gens ici ont l’habitude d’y aller, la station est à 7 km de la ville, les gens y vont le week end, ils peuvent même skier la nuit. Il y a des russes en vacances en ce moment.

Le temps n’est pas super, il n’y a pas beaucoup de neige, et les remontées mécaniques sont ouvertes à moitié le matin. On profite quand même, on déjeune la-haut et on profite des remontées supplémentaires ouvertes sur le début d’après midi. Et on reprend la route vers Diyarbakir. On roule sous la neige, sous un ciel blanc. On finira par rouler de nuit, toujours dans la montagne, pour arriver à Bingöl.

On dort sur un parking bruyant et on reprend la route. Cette fois sous le soleil. Diyarbakir, c’est dans la région kurde de la Turquie. On l’a bien senti, on s’est tapé 4 contrôles de police en une matinée. Les policiers sont sympas, on sent qu’ils doivent un peu s’ennuyer, les derniers nous ont fait nous garer sur le coté pour poser des questions du genre : « Est ce que vos gendarmes en France sont aussi beaux que nous? » Et nous ont conseillé d’aller visiter leurs villes d’origines…

Bref, on arrive en ville, il y a une forteresse (la 2ième plus importante du monde après la muraille de Chine) construite en 3000 avant JC, fortifiée par les romains et les byzantins entre 330 et 370 ap JC, puis restaurée et agrandie par les seldjoukides (encore eux! Mais là c’est plus logique) et par les ottomans. C’est une ville touristique pour les turcs. C’est très agréable de se balader dans les rues, pleines de boutiques et de restaus, c’est très animé. On y déjeune des plats délicieux, et les filles qui tiennent le restau nous demandent notre compte Instagram. Dommage… On aurait du ouvrir un compte avant de partir. On passe dans un bar à musique, bonne ambiance, les clients chantent avec le groupe, ça doit être des airs traditionnels connus. On se fait aussi la réflexion qu’on n’a plus l’habitude d’aller dans des endroits enfumés… On fait quelques courses, beurre, pain, et on croise une turc qui vit en suède et qui vient voir sa famille pendant les vacances. Je n’ai pas réussi à photographier les hommes qui se baladent en tenue typique : le pantalon ample, avec le fond de culotte qui descend jusqu’aux genoux, et le turban sur la tête.

Ambiance :

Et on rentre. On campe sur un parking derrière la forteresse, endroit normalement tranquille. Normalement…

Parce que vers 23h30, on entend des voitures se garer autour de nous, des portes claquer à plusieurs reprises, et des gens qui parlent. C’est la police, avec ses gros 4*4 blindés, et ils sont armés. Philippe sort et demande si on peut rester là. Un gars, « le commissaire » nous explique qu’ils sont de la police anti-terroriste et qu’ils ont une opération ce soir, et que la caméra (de recul) sur notre camping car les dérange. Il veut s’assurer qu’elle ne filme pas. Philippe lui explique que la caméra ne fonctionne pas sans démarrage du véhicule. Et le commissaire, enchaîne plein de questions, depuis combien de temps on est mariés, il veut voir l’intérieur de la bague de Philippe pour vérifier l’année de mariage, qu’est ce qu’on fait comme métier, ça consiste en quoi exactement, pourquoi on stationne ici, on lui montre l’application ioverlander….Le commissaire écrit un rapport, et nous fait signer tous les deux le document écrit en turc, auquel on ne comprend rien, on sait que c’est pour mentionner que la caméra n’a rien filmé. Moi je suis restée dans le camping car, et je vois une dizaine de types et les blindés… Je flippe, je me dis que je voudrais éviter une balle perdue. Philippe me dit seulement maintenant (au bout d’une heure) que l’opération consistait à évacuer un pigeonnier qui était juste derrière nous et que c’est déjà terminé… Ok! Tout ça pour ça!!! J’ai quand même passé le reste de la nuit à espérer que le propriétaire des pigeons ne pense pas que ça venait de nous… Je sais, n’importe quoi!

Le lendemain matin, on monte sur les remparts de la forteresse et on voit le Tigre au loin, et d’un peu plus près. La classe!

Allez direction Nemrut Dagi pour le nouvel an!


Catégories : Turquie

1 commentaire

Guislaine · 7 janvier 2020 à 17:03

Quelques frayeurs , mais récompense après.

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