Nous quittons les monts Zagros pour rejoindre Ispahan (en français), ou Esfahan (un peu plus international), avec une petite escapade dans le désert de Varzaneh.

On traverse encore quelques jolis plateaux et montagnes dans les monts Zagros.

On arrive à Esfahan dans une légère brume de pollution. On entame tout de suite les formalités pour l’extension de nos visas : photos d’identité et direction les douanes.

On y passera environ 3h. C’était un peu la quête du formulaire A38 dans les 12 travaux d’Astérix ! On a commencé par faire la queue à la cabane du « supposé gardien », qui nous a envoyé au bureau n°8, qui nous a renvoyé au bureau n°12, qui nous a donné un papier à faire signer au bureau n°8, qui après sa pause dej nous a envoyé au bureau n°18, qui nous a renvoyé chez « le gardien » qui nous a demandé des photocopies (à faire sur place dans un autre bureau). Puis retour au bureau du gardien qui nous a renvoyé au bureau n°18.

La vitesse d’obtention des docs dépend assez de la dextérité à faire la queue aux bureaux… Mais voilà! Simple comme bonjour! Tout s’est bien passé, on nous a demandé nos métiers et si nous étions mariés. Pas d’autres questions. C’est le supposé gardien dans sa petite cabane qui s’est tapé la majeure partie du boulot! On a eu une prolongation jusqu’au 4 janvier, ça nous laisse serein pour la suite.

Suite des opérations : voir ce qui bloque avec la carte SIM qu’on a précédemment achetée. On avait bien une petite idée mais on aurait aimé un autre diagnostic. Comme cela fait plus d’un mois que j’utilise mon téléphone pour me connecter, celui-ci doit être déclaré comme « produit d’importation ». Ce qui veut dire : payer une taxe (calculée en fonction de la valeur du téléphone), pour pouvoir débloquer l’utilisation de la SIM sur mon téléphone. :(. Nous sommes resté un peu plus d’une heure chez le marchand, et ça nous a coûté la modique somme de 70€ (rien dans la poche du vendeur). Arrrf…. Mais vraiment pas le choix : si on avait déclaré le tel de Philippe c’était encore plus cher. On a pensé acheter un tel 4G et le revendre une fois sorti d’Iran, mais on a eu la flemme de le configurer à la mode occidentale… Utiliser notre clé pour l’ordinateur portable (mais vraiment pas pratique pour commander un taxi). Nous nous sommes résignés à payer. Le vendeur ultra sympathique nous a refait le coup du tarouf : « non c’est gratuit pour vous… ». Cette fois c’était vraiment tentant de dire « OK! Merci! » Mais non. On a insisté un petit peu et on a payé.

Lendemain, visite de la ville avec Samaneh, une super guide de « Tap Persia ». RDV à 10h, par un temps maussade et froid, et c’est parti pour presque 4h de visite riche en informations. Ispahan, « pour rappel » est devenue capitale de Perse sous le règne safavide.

On commence par le palais Chehel Sotun, construit et décoré par les safavides, puis complété par des peintures qadjares. Le pavillon est décoré de miroirs incrustés dans du stuc, c’est un travail remarquable… un peu particulier. Le palais est connu pour ses jardins symétriques en 8 parties, inspiration des jardins de Pasargade, on a appris que le mot paradis était d’origine perse et signifiait « jardin ». Ça me fait rebondir sur un excellent article qui parle des tapis persans et de leur rapport avec le jardin, et le paradis, et je me dis que le nom de notre blog est parfaitement approprié « sur le tapis du vent! » :D. Pour les curieux : Histoire des tapis persans

On fait une petite pause pour goûter le ash (soupe à base de pâtes d’herbes haricots et de crème) et le bahlava, une pâtisserie feuilletée et très légère, accompagnée de thé. Délicieux! J’aime la déco du lieu et les oiseaux qui chantent (même s’ils sont en cage) :D.

Ensuite nous allons sur la 2ième plus grande place du monde (après Tienanmen) Naqsh-e Jahan crée à la période safavide. Elle est rectangulaire et comporte un palais, 2 mosquées et l’entrée du grand bazar. On commence par le palais Ali Qapu, agrandit au fil des années. Au deuxième étage la terrasse est agrémentée d’une petite piscine et permet d’avoir une vue sur la place; au dernier étage : les murs sont décorés tout en stuc, forment des cavités représentant des sétars (guitare à 3 cordes), pour faire en sorte que la musique soit audible partout dans les pièces. Les jeux de lumière, de volume et les peintures raffinées en font un lieu incroyable.

Nous poursuivons avec la mosquée de Cheikh Lotfollah, même période, safavide aussi. C’est sans doute la mosquée préférée des iraniens. Son plafond représente la queue déployée d’un paon, ce motif est souvent repris dans la déco iranienne (les tapis) et tout est construit et décoré selon les multiples de 2, 2², 2^4, etc… Tout est mathématique! Le sous sol de cette mosquée est à température constante naturellement toute l’année, env 17°, on peut donc « relativement » y prendre le frais en été, et y être au chaud en hiver.

Seconde pause dégustation ! Cette fois c’est le Ferreni, à base de crème de riz, gélatine, et surtout, sirop de dattes. Philippe a adoré, « guiffe à chuc! » 😀 . Comme il ne fait pas chaud, c’est plutôt bienvenu.

Nous terminons par la visite de la mosquée du Shah. Son portail est orienté vers la place, alors que la mosquée est orientée vers la Mecque. Peu courant. Une mosquée aux faïences raffinées, marbre sculpté, et un dôme construit avec une double coque, ce qui permet de produire un écho remarquable. Il y aussi une madrasa, donc le lieu est censé être vivant. C’est bizarre nous sommes seuls, on voit un religieux passer, pas d’autres touristes… Puis Samaneh au débit rapide et intarissable nous laisse en nous donnant des conseils pour des restau.

Ce qu’on s’empresse de tester 😀 Nous allons au Namakdan Café. Viande en sauce aux aubergines, tomates, herbes, frites, riz, pain, (oui!). Un délice. Même s’il caille dehors, l’endroit est chouette, fréquenté par les iraniennes branchées, des touristes et quelques homos (je crois)!

Le lendemain nous continuons de visiter tous les deux. Le matin on traverse l’immense bazar pour revenir vers la place Naqsh-e Jahan. Cette fois il fait beau, c’est beaucoup plus agréable.

On y déjeune un biriani (spécialité de la ville) et on continue de marcher jusqu’au palais Hasht Behesht, octogonal, encore une fois à la déco raffinée. Le gardien nous accompagne et nous montre les différences entre les peintures safavides et qadjars, il nous donnera ses dessins, et me prendra en photo… Malgré notre insistance, il ne voudra pas être payé.

Nous continuons vers le pont Si-O-Seh Pol. On rencontre une iranienne prof d’anglais qui nous accompagne dans le quartier arménien. Il a l’air chouette ce quartier! On la laisse pour la visite du musée de la musique, où on finira notre soirée par un mini concert offert par les guides du musée. 😀

Le lendemain nous allons visiter le pont Pol-E Khaju, lieu de promenade des iraniens et nous prenons la route!

On va prendre l’air! Dans le désert! Cette fois c’est le désert de Varzaneh, on peut y aller sans être accompagné. Bon ben c’est pas aussi simple que ça : les accès aux dunes sont bloqués via des tranchées et l’entrée est devenue payante. On se retrouve dans un complexe, avec restaurants, dromadaires, et quads. Pas vraiment désert :D! En plus c’est le week-end, les iraniens en profitent, donc on n’est pas tout seul. Mais c’est plutôt marrant! On fait des rencontres! On grimpe une grande dune, on observe le paysage et les nombreuses traces de quads, et on rencontre Mina qui parle super bien français! Puis une famille qui pique-nique (plus besoin de le préciser) nous invite à boire le thé. Yes!!! Un pique-nique avec des iraniens! Ils nous posent des questions, je crâne en sortant les mots iraniens que je connais, ça les fait rire. On leur dit qu’on est partis depuis plusieurs mois, qu’on dort dans notre camping car, alors on fait la visite. Les jeunes filles en profitent pour me demander pourquoi j’ai pas d’enfant… Houuuu ben… C’est compliqué! Non non c’est pas pour voyager plus facilement :). Bref! Il commence à y avoir du monde au cc, on ressort, on fait des photos, ils étaient bien cools, et nous prenons une route un peu à l’écart en espérant passer une nuit tranquille. Sans se faire trop d’illusions. On trouve un endroit. On s’installe, et qui arrive? Un couple de suisses qui cherchent un endroit tranquille. Ha ben ça risque d’être compliqué pour ce soir! En effet, un bus arrive, je suppose que ce sont des jeunes. Ils font un feu, installent les tentes, grimpent les dunes, mettent la musique. Ca durera toute la nuit :D. Pas grave. On retourne sur Esfahan.

On voulait faire une vérification du camping car et on a eu la flemme. On a passé une journée en auberge de jeunesse pour la lessive. Comme le patron nous l’a proposé on a pris une chambre avec une méga douche. La déco était chouette, mais je dors mieux dans mon lit :D. On s’est fait livrer un délicieux repas à base de « viande à la grenade », les yeux fermés j’aurai dit du lapin aux pruneaux…

Voilà pour la belle Ispahan surnommée « la moitié du monde ». On est loin d’avoir fait le tour de cette belle et grande ville à la cuisine délicieuse. Elle est aussi réputée pour son artisanat, et j’enrage encore de ne pas avoir acheté quelques carreaux de faïence pour une prochaine déco.

On a beaucoup aimé cette ville, elle est dailleurs notre préférée. Elle mériterait qu’on y retourne en été pour y flâner tout à loisir.

Allez on continue! Direction Kashan!


Catégories : Iran

4 commentaires

Debreucq Michel · 21 décembre 2019 à 09:38

Ispahan ! La ville de rêve de bien des poètes et d’écrivains. Les couleurs automnales sont magnifiques !!! et vos rencontres très sympathiques vous permettent de bien découvrir l’âme du pays.

    Estelle Rhoo · 26 décembre 2019 à 17:04

    oui, ville inspirante, et décontractée. On a vraiment aimé.

matthieu constancis · 23 décembre 2019 à 13:02

Que de beautés. Merci pour ce reportage photos.
grosses bises

    Estelle Rhoo · 26 décembre 2019 à 17:05

    Merci Matthieu, 🙂 Joyeux Noël !

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